De la Seconde Guerre Mondiale à la construction européenne

Cette année encore, un séjour consacré à la mémoire et aux conséquences du plus grand conflit du XXème siècle a été proposé aux élèves de 3ème. Longuement préparé et exploité, il a impliqué du 3 au 5 avril 68 élèves et leurs accompagnateurs dans le nord de la France et en Belgique, avec les étapes suivantes : la Coupole, musée de la Seconde Guerre Mondiale à Helfaut (62) / le Fort des Dunes à Leffrinckouke (59) / La Maison de l’Histoire Européenne et le Parlement Européen à Bruxelles / Le Fort-Mémorial de Breendonk à Willebroek / La Kazerne Dossin à Mechelen. On trouvera ci-dessous des extraits des témoignages et récits réalisés par les participants sur les lieux visités, illustrés de photos :

Le Fort des Dunes :

L’une des entrées du fort, éventrée par les bombardements de juin 1940.

« Construit en 1878, le fort appartient au système défensif Séré de Rivières. Il a pour mission de défendre le nord de la ville et du port de Dunkerque. Mais il est très vite rendu inefficace par l’apparition d’explosifs plus puissants. En mai 1940 cependant, il est rattrapé par la guerre : les Allemands parviennent à percer le front français et à atteindre la mer, encerclant dans le nord de la France et en Belgique une partie des armées françaises et britanniques.

L’immense maquette représentant l’opération Dynamo, au Fort des Dunes (photo S.Moronval)

Le fort se retrouve au coeur de la « bataille de Dunkerque » : lors de l’opération « Dynamo », les bateaux alliés réussissent par miracle à évacuer, sous les bombes allemandes, vers l’Angleterre plus de 330 000 hommes. Le fort est alors défendu contre les Allemands par la 12ème Division d’Infanterie Motorisée française ; il est très durement bombardé les 2 et 3 juin 1940 et plus de 150 hommes y sont tués. » (Kévin T.)

La Coupole :

L’entrée de la Coupole (photo S.Moronval)

« La construction de la coupole a eu lieu d’octobre 1943 à juillet 1944. Elle a été décidée par les Allemands, qui occupaient alors la France. Cette immense base en béton fut aménagée par des travailleurs forcés dans d’anciennes carrières. Elle devait servir au lancement de fusées explosives V2 contre l’Angleterre ; mais les bombardements des avions britanniques empêchèrent son utilisation. La coupole est aujourd’hui un centre d’histoire et de mémoire sur la Seconde Guerre Mondiale. Nous y avons appris beaucoup de choses sur l’invasion allemande de 1940, l’occupation de la France qui suivit, toutes les formes de collaboration, persécution, résistance et répression qui s’y déroulèrent jusqu’en 1944, et enfin la difficile libération du territoire par les Alliés en 1944-1945. » (Lilou L.)

A l’entrée du Fort de Breendonk (photo S.Hénon)

Le Fort de Breendonk :

« Construit en 1909 pour protéger la ville belge d’Anvers et son port, il fut transformé en camp de concentration et de transit par les Allemands qui occupèrent la Belgique de 1940 à septembre 1944. On y enferma des Juifs, des otages, des résistants ; souvent, ils furent ensuite déportés ailleurs. Les prisonniers étaient déshumanisés : on les désignait par un numéro. Ils étaient très mal nourris, obligés de travailler, et soumis à la torture. Les gardiens pouvaient leur casser les doigts, les brûler avec leurs cigarettes, les fouetter, les frapper avec des armes, leur imposer la lumière même pendant la nuit… Ces gardiens étaient allemands mais aussi belges, français… Les Nazis y exécutèrent aussi près de 200 prisonniers pendant la guerre.

Au fort de Breendonk… (photo S.Hénon)

Le Fort est devenu le mémorial belge sur le système concentrationnaire nazi. Voir dans quelles terribles conditions vivaient les prisonniers, comment on les traitait… Cette visite était très forte en émotions. » (Océane D.)

La Kazerne Dossin :

La Kazerne Dossin (photo N.Dufossé)

« Cette caserne devient à partir de 1942 un centre de transit où les Nazis rassemblent Juifs et Tziganes avant de les déporter vers les camps d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée. Ils y seront souvent gazés dès leur arrivée… La Kazerne est aujourd’hui un musée et mémorial sur l’Holocauste. Nous avons pu comprendre comment les Nazis ont organisé l’extermination des Juifs de Belgique, de leur enregistrement et leur isolement à leur déportation. Nous avons découvert aussi comment ceux qui ont survécu ont été traumatisés, à travers des témoignages qui montraient à la fois leur solitude et leurs difficultés à reprendre une vie normale. » (Mélanie G.)

« La Kazerne Dossin est un très bon musée qui explique parfaitement ce qui s’est passé. Ce que nous avons vu nous a émus, et choqués… » (Thomas D.)

A Bruxelles, nous avons visité le quartier européen et nous avons pu revenir sur la construction européenne. Pourquoi l’Union Européenne ?

« L’idée d’union des pays européens est née après les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale pour le maintien de la paix et pour partager le charbon et l’acier, utilisés pour faire la guerre.

Devant la Maison de l’Histoire Européenne (photo S.Moronval)

Aujourd’hui, l’UE, créée lors du traité de Maastricht en 1992 est un partenariat économique et politique qui compte 28 états membres. Elle permet d’ouvrir les frontières à l’intérieur de l’espace Schengen et de faire des échanges commerciaux entre les pays sans taxes. » (Alexandre C., Thomas D., Jordan D., Laurine L. Mathilde B., Morgane G.)

Lors de la visite de la Maison de l’Histoire Européenne, nous avons redécouvert certaines étapes de cette construction, objets et documents à l’appui : congrès de l’Europe (1948), Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (1951), Communauté Européenne de Défense (1954, projet finalement rejeté), Communauté Economique Européenne (1957), Politique Agricole Commune (la fameuse « PAC », 1962), traité franco-allemande l’Elysée (1963), premières élections au Parlement Européen (1979), accords de libre-circulation de Schengen (1985), arrivée de l’Euro (2002)…

L’Union Européenne compte aujourd’hui 28 pays membres (dont le Royaume-Uni, qui va la quitter à la suite du « Brexit »). Quelles sont ses institutions ?

« – Le conseil européen est constitué de 28 chefs d’état et de gouvernement. Il oriente la commission européenne.

Le siège de la Commission Européenne (photo S.Moronval)

– La commission européenne contient 28 commissaires. Elle propose des lois européennes qui seront adoptées, modifiées ou rejetées par le parlement européen et le conseil de l’UE.

– Le parlement est constitué de 751 députés, en comptant son président ; un chiffre impair pour obtenir une majorité. Le nombre de députés de chaque pays dépend de l’importance de sa population : l’Allemagne est celui qui en a le plus ; Chypre, Malte, l’Estonie, le Luxembourg n’en ont que 6 chacun.» (Emeline B. et Clémence C.)

Le siège du Parlement Européen à Bruxelles (photo S.Moronval)

C’est pour des raisons surtout pratiques que la ville de Bruxelles a été choisie après 1958 pour accueillir ces institutions européennes. Contrairement à ce qu’on raconte souvent, elle n’a pas le statut officiel de « capitale de l’Union Européenne » ; elle partage le Parlement avec Strasbourg, et d’autres institutions de l’UE se trouvent à Luxembourg, à Francfort (Allemagne)…

Accueillis au Parlement Européen, nous avons pu découvrir son hémicycle bruxellois, et mieux connaître le rôle des députés :

« Face à un problème, la commission européenne consulte les acteurs et choisit des solutions. Elle la propose au Conseil européen (formé par les chefs d’Etat et les ministres) qui prend les décisions avec le parlement. Les députés sont chargés de modifier et de voter les lois.

Dans l’hémicycle du Parlement Européen de Bruxelles (photo S.Moronval)

Le député, au contact de ses électeurs, se charge aussi d’accueillir des groupes au Parlement. Il a un emploi du temps chargé, entre les sessions à Bruxelles et à Strasbourg.

Il est aidé d’assistants parlementaires. Il vote dans l’hémicycle, composé de gradins en demi-cercle. »

(Arthur A., Edgar C., Ethan B., Hugo C.-P. et Benjamin P.)

Nous avons eu la chance de passer un long moment avec l’eurodéputé Dominique Riquet :

« Dominique Riquet est né le 18 septembre 1946 à Valenciennes. Il a fait des études de médecine pour devenir chirurgien. Il est élu maire de Valenciennes de 2002 à 2012 et est député européen depuis 2009.

A l’intérieur du parlement, il est vice Président de la commission des transports et du tourisme. Il est aussi membre de la commission de l’industrie. II a été élu président de la délégation française au parlement européen.

L’eurodéputé Dominique Riquet (photo B.Oberger)

Il est présent à 98% des séances contrairement à d’autres députés qui n’y ont jamais été ! Il a décidé de se représenter cette année aux élections européennes. » (Lilou L., Clélia M., Medhy K., Lilian D., Mathis P.)

Rencontre avec l’eurodéputé Dominique Riquet (photo S.Moronval)

« M.Riquet nous a rappelé l’importance de l’Union Européenne :

« L’Union Européenne, c’est d’abord l’assurance d’avoir la paix entre les pays d’Europe… Et ça dure depuis plus de 70 ans , ce qui n’était jamais arrivé dans notre histoire !

« L’UE est aussi une communauté de valeurs, d’intérêts économiques et un modèle social »

Selon lui, il est important de défendre l’UE, seul ensemble politique dans le monde qui repose sur ces valeurs : la démocratie, les droits de l’Homme, l’Etat de droit, la liberté.

Enfin, l’UE est la bonne échelle pour défendre les pays qui la composent face aux changements de la mondialisation car aujourd’hui « l’endroit où nous vivons n’a aucune importance pour s’informer, acheter ou se déplacer » : les marchandises, les capitaux, les personnes, les informations, etc. circulent librement entre toutes les parties du monde, qui sont de plus en plus dépendantes les unes des autres. Seuls, les pays européens n’ont plus assez de poids ; unis, oui.

C’est aussi défendre la prospérité et notre modèle social car l’UE représente 6,5 % de la population mondiale mais 50% des dépenses sociales !

M.Riquet a conclu avec cette phrase forte :

« L’AVENIR DE L’EUROPE, C’EST VOUS… ET VOTRE AVENIR, C’EST L’EUROPE »

(Les 3è1 et 3è3)

Photo de groupe dans le Parlement Européen (photo N.Coulombez)

Ce projet, organisé par Mme Dufossé, Mme Hénon et M.Moronval, a été rendu possible par le parrainage du député européen Dominique Riquet et le soutien financier du groupe ADLE au Parlement Européen. Il a aussi bénéficié de l’appui du Ministère des Armées – direction de la mémoire, du patrimoine et des archives ; ainsi que de ceux de l’Association des Parents d’Elèves et du Foyer Socio-Educatif du collège. Nous renouvelons donc nos remerciements à ces différents partenaires, et particulièrement à M.Riquet et à son attaché parlementaire Nicolaï Coulombez qui a suivi le projet depuis son origine.

A l’occasion de la Journée de l’Europe organisée le 9 mai 2019 au collège (https://jean-moulin-moreuil.ac-amiens.fr/actualites/fete-de-leurope-college/), les 3è1 et 3è3 ont réalisé une exposition sur notre accueil au Parlement Européen (pour lequel de nouvelles élections ont eu lieu le dimanche 26 mai) et l’actualité de l’Union Européenne. Retrouvez là ci-dessous :

Expo BruxellesV2