Derrière le cabinet de curiosités… le Musée de Picardie !

Cette année encore, les élèves du collège ont pu profiter du cabinet de curiosités du Musée de Picardie, exposé à Ailly-sur-Noye.

Ateliers studieux et créatifs à partir des objets du cabinet de curiosités, le 18/09 (Photo S.Moronval)

Le 18 septembre, les 5è2 et 5è3 ont mené à partir des objets exposés différentes activités avec Mmes Dubus, Hénon, M.Bouichou et Moronval.

Les 4è en pleine recherche d’inspiration, le 06/11 (Photo S.Moronval)

Le 6 novembre, les 4è3 avec Mme Bouchon y ont rencontré une classe de même niveau du collège d’Ailly-sur-Noye ; ensemble, les élèves des deux classes ont imaginé des nouvelles fantastiques à partir de l’un ou l’autre des drôles d’objets présents dans les vitrines… Le résultat est à découvrir ci-dessous :

 Comme une morsure de serpent Robin Nathan Laly Domitilleok

Le secret du chou Enola Lisa Léane Flora

 

 

 

Mais qu’est-ce donc qu’un cabinet de curiosités ? Et que faisait-il à Ailly-sur-Noye ? Pour le savoir, une équipe de jeunes journalistes est remontée à la source : le Musée de Picardie, à Amiens ! Un jeudi de mai, Camille, Loan, Noé, Raphaël et Sarah sont allés réaliser un véritable reportage sur place… Accueillis par Anne Mégan, médiatrice à l’action éducative au musée, ils ont découvert l’ensemble des travaux qui y sont actuellement en cours ; puis ils ont pu interviewer Laure Dalon, la directrice du Musée. Propos retranscrits (aussi fidèlement que possible) ci-dessous :

 

Interview de Madame Laure Dalon, directrice du Musée de Picardie

 

Accueillis dans le nouveau bâtiment du Musée, nos jeunes reporters écoutent les consignes de Mme Mégan avant la visite du chantier (Photo S.Moronval)

Sarah : Qui êtes-vous ? Quel est votre rôle ?

L.Dalon : Je suis directrice du Musée de Picardie et aussi la conservatrice des collections beaux-arts du musée (il y a deux autres conservateurs au Musée : un pour l’archéologie, un pour le Moyen-Age et les objets d’art ; un quatrième devrait bientôt nous rejoindre pour l’art moderne et contemporain). Actuellement, mon travail est surtout d’organiser et suivre le chantier de rénovation et de modernisation du musée de Picardie.

 

Raphaël : Qu’est-ce que le Musée de Picardie ? Qu’y trouve t-on ?

L.Dalon : Le Musée de Picardie a été construit au milieu du XIXè siècle ; c’est le premier musée de France construit spécialement pour cette fonction. Les collections existaient avant. Des tableaux avaient ainsi été envoyés de Paris à Amiens à l’occasion de la Paix d’Amiens, signée en 1802 à l’Hôtel de Ville. Le Musée de Picardie a un lien très fort avec la région et l’histoire de la Picardie, mais on y trouve aussi d’autres œuvres qui datent de la Préhistoire à nos jours ; il est très éclectique.

Ce qui sera le futur accueil du Musée (Photo S.Moronval)

 

Loan : Combien d’objets possède le Musée ?

L.Dalon : Nous possédons plusieurs dizaines de milliers d’objets… qui peuvent être très différents !

 

Loan : Qu’est-ce que le cabinet de curiosités (que nous avons découvert à Ailly-sur-Noye) ? De quand date t-il ? Qu’y trouve t-on ?

L.Dalon : Le cabinet de curiosités est comme un petit musée itinérant, éphémère qui permet de présenter des collections fragiles et précieuses dans de bonnes conditions de sécurité, dans des lieux qui ne sont pas des musées (comme par exemple des établissements scolaires, des mairies…) Il a été créé en 2012, après un premier essai. L’objectif est de permettre à certains objets du Musée d’être vus pendant les travaux, de les faire découvrir aux plus jeunes comme aux plus grands, en nous adressant à un public qui ne vient pas forcément au musée. Nous avons aussi voulu surprendre par le choix des objets, assez insolites. L’expérience étant intéressante, un cabinet de curiosité sera installé dans le Musée quand il ouvrira de nouveau.

Une façade de 1619, récupérée quartier St-Leu à Amiens et restaurée, sera visible à l’arrière du Musée (Photo S.Moronval)

Camille : Justement, quels sont les travaux qui sont en train d’être faits au Musée ? Pourquoi ont-ils été décidés ? Quand se termineront-ils ?

L.Dalon : Les travaux ont commencé en 2016 : toute la toiture a été refaite. L’objectif, ensuite, a été d’ouvrir le Musée sur l’extérieur, de le rendre plus accueillant : une partie des grilles a été enlevée. Un nouveau bâtiment a été construit à l’arrière, avec des espaces dont on ne disposait pas avant : un auditorium, une salle pédagogique, des bureaux… L’intérieur du Musée d’origine connaît de grands changements aussi, afin de le rendre plus attractif : l’accueil change de place ; tout est remis en état (parquets, plafonds, fenêtres), des parties anciennes sont révélées, l’idée étant de retrouver le Musée tel qu’il se présentait au XIXè s.

 

Noé : Comment se déroulent les travaux ?

L.Dalon : On a d’abord choisi une équipe d’architectes, qui se sont ensuite entourés d’une équipe de spécialistes (ingénieurs, paysagistes, graphistes…) Ils coordonnent l’intervention de la vingtaine d’entreprises qui sont impliquées dans les travaux, qui ont été approuvés par la ville et la métropole d’Amiens. Un grand planning a été établi au début du chantier, et tous s’efforcent de le respecter. Quand il y a des problèmes, on les règle…

 

Les abords du Musée seront ouverts sur l’extérieur (Photo S.Moronval)

Raphaël : Quel est votre sentiment par rapport à ces travaux, le résultat attendu, et toute cette période ?

L.Dalon : (sourire) Tous les jours, j’ai très peur quand des problèmes se posent… et tous les jours, je suis très contente  quand quelque chose aboutit ! C’est un mélange d’inquiétude devant tout ce qu’il y a faire, et d’excitation d’avoir la chance de le faire.

 

Sarah : Avez-vous rencontré des problèmes au cours des travaux ?

L.Dalon : Quelques-uns (sourire)… Le plus gros problème que nous avons eu, cela a été de découvrir que les fondations n’étaient pas du tout celles qu’on imaginait (même si un sondage avait été fait). Cela nous a posé des problèmes quand il a fallu relier le musée et l’extension contemporaine par une galerie souterraine.

Dans les locaux de la société des antiquaires, un lieu plein de surprise… (Photo S.Moronval)

 

Loan : Où gardez-vous les objets qui ne sont pas dans le cabinet de curiosités ?

L.Dalon : Les œuvres sont gardées dans le musée,  et nous avons des lieux de stockage à l’arrière du Musée et dans d’autres bâtiments… mais je ne peux pas vous dire où car c’est top secret… ce sont des lieux sécurisés !

 

Noé et Loan : Comment faites-vous pour obtenir de nouvelles œuvres pour le musée ?

L.Dalon : Il y a plusieurs possibilités :

Au premier étage (Photo S.Moronval)

– il y a des œuvres qui sont offertes par certaines personnes au Musée ; dans ce cas-là, je ne peux pas décider seule de les accepter, on demande l’avis d’une commission régionale d’experts… C’est important car on ne peut plus se débarrasser d’une œuvre rentrée dans les collections du musée, il ne faut pas se tromper !

– ça nous arrive aussi de repérer des œuvres, dans des ventes ; là aussi on demande des avis extérieurs pour être sûrs que c’est une bonne idée. Nous avons un peu d’argent pour acheter des œuvres nous-mêmes ; s’il n’y en a pas assez, on peut demander de l’aide à certaines personnes (dont l’association des Amis du Musée). Dans des cas très exceptionnels, il m’est arrivé de demander un peu plus d’argent au maire d’Amiens et au président d’Amiens Métropole.

On ne décide jamais tout seul en tout cas.

 

Loan : Quelle est l’œuvre la plus chère que possède le musée ?

L.Dalon : Nous avons une œuvre de Picasso, qui appartient au Musée Picasso de Paris et a été déposée à Amiens. Après, ce n’est pas facile de donner une valeur aux œuvres… Il y en a beaucoup qui sont inestimables : elles sont uniques, ou très anciennes…

Redécouverte des peintures d’origine (Photo S.Moronval)

 

Loan : Et y-a-t-il des « privilégiés » qui peuvent aller voir les œuvres stockées en réserve ?

L.Dalon : Oui, forcément ; mais ce n’est pas pour leur faire plaisir : ce sont des restaurateurs, des chercheurs… par exemple, aujourd’hui il y a un conservateur du Musée du Louvre spécialiste des sculptures allemandes qui est venu voir dans nos réserves si il n’y a pas des sculptures susceptibles de l’intéresser… Ouvrir les réserves à ce type de personnes permet de mieux les connaître, de travailler dessus.

Un travail d’orfèvre est mené pour rénover les planchers… (Photo S.Moronval)

Noé : Quelles sont les œuvres du Musée que vous préférez ?

L.Dalon : C’est une question difficile ! (sourire) Ce qui me fait le plus plaisir, c’est qu’on révèle toutes les œuvres du premier étage, fermé depuis longtemps, et notamment les peintures du XIXè siècle.

 

Camille : Quand les travaux seront-ils terminés ?

L.Dalon : Normalement en septembre-octobre… Ensuite, il faudra rapidement tout réinstaller. La réouverture du Musée est prévue le 14 décembre 2019. Le cabinet de curiosités, lui, continuera à circuler à partir de 2020.

 

Nos jeunes journalistes en pleine interview, avec Laure Dalon (Photo S.Moronval)

Noé : Et combien de visiteurs attendez-vous ?

L.Dalon : On essaie de ne pas donner trop de chiffres pour ne pas être déçus… Nous espérons une fréquentation de 80 000 personnes/an (le double qu’avant la fermeture). S’il y en a plus, c’est tant mieux !

 

A.Mégan : On compte sur vous pour le bouche-à-oreille !

 

 

Et bien justement, qu’en ont pensé nos jeunes journalistes ? A eux d’être interviewés et de délivrer leurs impressions :

 

Noé : Que le Musée de Picardie à Amiens nous ouvre ses portes lors des travaux, c’était un grand privilège ! Nous avons découvert les nouveautés, et surtout la réouverture du premier étage du musée, où l’on va pouvoir découvrir des œuvres qu’on n’avait pas vues depuis longtemps. Tout a été repeint, certains parquets refaits… il faut savoir que c’est un boulot monstre car les ouvriers démontent chaque partie du parquet après l’avoir numérotée, les rénovent toutes puis les remettent correctement en place !

Sarah : Lors de la visite, nous avons très bien été accueillis. On nous a fait découvrir toutes les petites histoires de certaines salles et objets. Nous avons visité les nouvelles salles. Les ouvriers ont fait un travail très minutieux !

Camille : J’ai bien aimé visiter le musée car on a eu beaucoup de chance ; nous avons appris plein de choses et  vu les travaux très impressionnants en cours.

Loan : Je suis content d’avoir vécu cette rencontre avec Madame Dalon. Pour moi, la culture est essentielle alors la rénovation du Musée de Picardie me semble importante. Madame Dalon a su nous transmettre sa passion et nous parle avec enthousiasme de son métier, qui me paraît très intéressant.

Le musée expose notre patrimoine culturel, architectural et archéologique. Un nouveau bâtiment très moderne est créé à côté de l’ancien musée, avec une subtilité : des grandeurs pour rappeler la hauteur de l’ancien musée. Les anciennes couleurs du Musée réapparaissent après les rénovations. Une façade du XVIème siècle sauvée se retrouve au musée, les espaces extérieurs sont embellis. L’ancien et le moderne rivalisent !

 

Une chose est sûre c’est que nous avons tous hâte de la réouverture du musée de Picardie !!

 

 

Une photo de groupe pour clôturer la rencontre : de gauche à droite, L.Dalon, Sarah, Camille, S.Moronval, A.Mégan, Noé, Raphaël, Loan (Photo L.Bochent)

 

Un grand merci à :

  • Mme Laure Dalon pour avoir accepté de consacrer un peu de son temps à nos jeunes journalistes
  • Mme Anne Mégan pour la préparation de cette entrevue et la passionnante visite guidée du chantier qu’elle nous a offerte
  • Mme Laure Bochent pour l’aide apportée au projet

 

Bravo à nos cinq épatants reporters !